
Un premier compte-rendu d’une séance d’observation collective
Situation rencontrée lors d’une nuit des étoiles :
"... je vois bien quelque chose, mais je ne sais pas si c’est ce que je devrais voir.
– Essayez de décrire, avec vos mots à vous.
– Ben, ce serait mieux si c’était vous qui...
– Non. Votre ressenti est de toute façon différent du mien. Ce qui importe, ici, maintenant, c’est que vous fassiez votre propre expérience d’une observation astronomique.
– Ah ? Parce que cela a une importance quelconque ?
– Oui. Le ciel vous appartient autant qu’à moi."
1. L’accueil du public : à quoi bon ?
Chaque année, notre association, comme d’autres, accueille « des gens », sur un terrain sur lequel on a disposé des moyens d’observation du ciel.
Et des « gens » débarquent, dont les motivations sont diverses : profiter d’un moment de sociabilité gratuit, d’un terrain de jeu pour les enfants...
mais aussi possibilité d’échanger des arguments contradictoires...
mais aussi possibilité de mettre l’oeil à l’oculaire... curiosité...
Quand on anime un petit atelier d’observation astronomique et que l’on répond à la curiosité d’un public sans cesse renouvelé, l’échange est, le plus souvent déséquilibré :
« Moi je sais -> tu écoutes ».
On peut avoir, alors, la tentation de faire passer, maladroitement, un discours « pro-sciences » dans un esprit pas toujours « construit » pour accueillir ce genre de contenu.
La conséquence n’en sera pas forcément heureuse : tout individu qui perçoit que l’on cherche à l’influencer réagit, légitimement, par de la méfiance... il ne nous accordera plus sa confiance et, s’il est rancunier, il ira grossir les bataillons de ceux qui contestent le savoir scientifique.
En fait, ce que ressent cette personne à ce moment-là, la façon dont elle interprète ce qu’elle voit... nous est inconnaissable.
Chaque être est singulier et, si l’on veut aller au-delà de l’échange superficiel, tout en restant respectueux du ressenti de l’autre, il faut imaginer des « médiateurs neutres ».
La suite de l’article donne un exemple de la mise en oeuvre d’un tel médiateur.
2. À quatre, c’est mieux
Le soir du 24 août 2019, nous étions quatre de l’AAI, invités sur le terrain aménagé par le club d’astronomie du ClC d’Argenton-sur-Creuse (http://clcargenton36.fr/astronomie.html) :
Rémi, Gérard, Dominique, Alain.
Parmi les lunettes et télescopes déjà disposés, nous avons installé notre modeste matériel : une petite table, des chaises, des crayons, des polycopiés permettant de reporter les positions des satellites de Jupiter, des jumelles (x10 et x20).
Remarque : le polycopié, librement duplicable, est accessible ici : http://lerautal.lautre.net/journal/AAI/jupiter/satellites01.pdf
Tout en circulant de poste à poste, il était possible de s’asseoir et de compléter « sa feuille ».
Voici, à titre d’exemple, la feuille d’Alain :
http://lerautal.lautre.net/journal/AAI/jupiter/reports2019_08_24_AL.jpg
Remarques :
– Heures civiles.
– La flèche donne se sens de déplacement apparent de Jupiter (mouvement diurne).
– Les chiffres 1 à 4 donnent l’ordre de luminosité des satellites (1 = le plus lumineux, 2 = le suivant).
(Quand j’aurai les feuilles des autres elles seront mises en ligne ici).
3. Difficultés rencontrées. Remarques
- Les jumelles utilisées sont souvent un peu faibles. Il faudrait comparer avec ce que l’on obtient avec une lunette courte (du genre de celle qu’utilise Gérard).
- Le satellite le plus lumineux (marqué 1) est difficile à positionner : il est « loin » et l’esprit peine à compter le nombre de diamètres de Jupiter entre lui et la planète.
- Quelques personnes du « public » se sont risquées à l’exercice et cela a été l’occasion d’échanges sur un sujet concret : « la chose que l’on voit à l’oculaire ».
Le fait de faire asseoir quelqu’un et de lui donner le temps de réaliser puis de noter son observation, tout en engageant un dialogue (dans les cas où celui-ci est souhaité) est apprécié. L’observateur ose alors faire part de ses difficultés, prend des décisions. Éventuellement il argumente pour les justifier. L’échange est plus équilibré, plus satisfaisant pour les deux.
Un exemple :
"Je n’ai noté que les trois satellites de gauche.
– Vous n’avez pas vu celui qui est à droite ? Pourtant c’est le plus lumineux.
– Je l’ai vu, mais il est loin et je ne parviens pas à estimer la distance.
Plutôt que de noter n’importe quoi..."
- Rappel aussi de l’importance historique des dessins faits par Galilée.
4. La suite
Il sera intéressant de comparer nos feuilles et de rendre compte de nos différences.
Remarquer ici que l’on est sorti de la logique « Moi je sais -> tu écoutes » : toutes les observations se valent (puisque l’on suppose que chacun relève du mieux qu’il peut).
5. Compléments
5.1
Gérard Cloarec n’a pas attendu la réunion du 24 août pour commencer les relevés.
Voici une copie de sa page sur laquelle il a reporté les noms des satellites, identifiés depuis des éphémérides.
L’instrument utilisé, noté 80x400, est la lunette courte de 80 millimètres d’ouverture et 400 millimètres de focale que plusieurs d’entre-nous possèdent et utilisent.
5.2
Dominique Clay, depuis la Dordogne, en parallèle avec la veillée organisée à Jeu-les-Bois, le 30/08/2019
5.3
Jacques Fonty. Observations sur plusieurs jours. Code de couleur pour les satellites.
5.4
Rémi Galéa. Observations du 24 août.