
C’est une question qui revient souvent, lors des séances publiques.
Elle nous renvoie à nos expériences personnelles, heureuses ou insatisfaites.
Ce qui suit apporte une réponse, discutable, bien-sûr et soumise à débat
Sortir du dilemme de l’oeuf et de la poule.
Merci à Jean-Louis Betoule qui a ajouté une approche à laquelle je n’avais pas pensé.
1. Les non-réponses, cela suffit...
Ces réponses pleines de bonnes intentions, nous les avons tous entendues, parfois même les avons-nous prononcées de bonne foi :
– Rien pour le moment : venez plutôt à nos séances publiques.
– Des jumelles : cela servira toujours.
– Avant de vous orienter vers un achat, demandez-vous ce que vous voulez observer.
– Pour observer ou pour photographier ?
– ...
Sauf que :
– Les séances publiques, ce n’est pas souvent.
– Les séances d’observation, ce n’est pas aussi fréquent que cela.
– Penser que quelqu’un qui n’y connaît rien va être capable d’imaginer un projet d’usage... c’est se bercer d’illusions.
2. Regardons-nous
Le plus grand nombre n’a pas d’équipement, en dehors des jumelles.
Mais celles et ceux qui se sont équipés utilisent-ils leur matériel ?
– Si oui, l’utilisent-ils souvent ?
– Savent-ils s’en servir ?
– Rencontrent-ils des embarras récurrents qui font qu’ils passent plus de temps à déballer et à ranger qu’à faire ce pour quoi le matériel a été acheté ?
Je ne peux parler que de ce que j’ai pu en voir lors de séances communes à Jeu-les-Bois.
Mais, en fonction de cela, je peux établir trois catégories :
(Celles et ceux = CeC)
– CeC qui ont un équipement adapté à leurs possibilités physiques, leur âge, leurs projets d’observation ou de photographie, leurs moyens financiers.
– CeC qui ont un matériel trop gros, trop lourd, trop compliqué à régler ou à comprendre
– CeC qui utilisent un matériel sous dimensionné = personne ici.
3. L’oeuf ou la poule ?
Avant d’imaginer un projet personnel minimaliste, il faut avoir acquis un peu d’aisance dans le maniement d’un instrument astronomique « vrai », avec un pied jamais assez rigide, des machins qui se dérèglent, des problèmes de pointage et de netteté.
Exemples de projets astronomiques :
– Déterminer la période de rotation de Jupiter.
– Dessiner quelques « murs » de la Lune.
...
Une fois que l’on aura mené à son terme un vrai projet, avec une évaluation :
– J’y suis parvenu, mais j’ai rencontré telles difficultés...
– J’ai échoué et voici la compréhension que j’ai acquise de cet échec.
... Il sera temps d’envisager, éventuellement, de renouveler son équipement.
Si le premier achat pouvait ne pas être trop malheureux, cela ferait gagner du temps, de l’argent et du plaisir d’usage.
4. Transcription d’un message adressé aux adhérents de l’AAI
Prenons les tarifs du magasin en ligne "La Clef des Étoiles", en supposant un achat de matériel neuf :
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1. Premier choix : nous allons considérer que le débutant veut d'abord parcourir le ciel à l'oculaire.
2. ... qu'un diamètre de 150 mm est un bon choix, dans la mesure où il donne accès à beaucoup de choses... pour un bon moment.
3. Pour limiter la dépense, adoptons la logique du Dobson.
Sur la page https://laclefdesetoiles.com/62-dobson
... relevons :
https://laclefdesetoiles.com/dobson/4871-dobson-sky-watcher-1501200.html
livré avec deux oculaires : 290 euros.
Le chercheur, probablement insuffisant, pourrait être complété par un pointeur laser ou un "point rouge".
https://laclefdesetoiles.com/dobson/2371-telescope-starblast-orion-150-750.html
livre avec deux oculaires, chercheur point rouge : 390 euros
C'est 100 euros de plus que le précédent.
Fixons la limite des dépenses à 400 euros
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Nous avons accès à un instrument de plus. Celui-ci :
https://laclefdesetoiles.com/dobson/1829-telescope-perl-dumbbell-dobson-203-1200.html
Deux oculaires et un chercheur 8 x 50
C'est nettement plus confortable.
Autres modèles d'instruments dans cette gamme de prix
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Schmidt-Cassegrain : rien
Maksutov (avec un pied compris dans le montant) :
https://laclefdesetoiles.com/maksutov-cassegrain/2384-telescope-orion-starmax-90.html
https://laclefdesetoiles.com/maksutov-cassegrain/1862-telescope-maksutov-perl-arietis-90-1250-eq1.html
https://laclefdesetoiles.com/maksutov-cassegrain/186-telescope-maksutov-perl-arietis-102-1300-eq2.html
Ces trois instruments ne sont pas comparables à un Newton 200 mm
Lunettes :
- je ne fais pas confiance à la monture EQ 2
- les lunettes économiques très ouvertes à bas prix... (à F/5 telles les 80 x 400) ne sont pas assez bonnes.
Celle-ci est peut-être acceptable :
https://laclefdesetoiles.com/lunettes-sur-monture/4949-lunette-celestron-inspire-100az.html
Un vrai pied azimutal, deux oculaires, chercheur point rouge : 349 euros.
Le débutant est photographe :
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Si la personne est motivée par la photo et possède déjà un APN utilisable...
Dans ce cas, aller voir les montures présentes sur cette page (trier par ordre de prix croissant) :
https://laclefdesetoiles.com/96-montures-equatoriales#/
Et si on essayait l'occasion ?
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Le Dobson 200 x 1200 sera trouvé en occasion à condition de ne pas être pressé.
Par exemple en consultant cette page :
https://www.webastro.net/petites_annonces/ouvert/
Voir aussi des sites comme le Bon Coin et autres, en privilégiant l'acquisition "en présence".
À titre indicatif, vous pouvez aussi aller lire les résultats de tests faits par (???) :
https://www.webastro.net/forums/forum/33-les-tests/
Et si l'on construisait ?
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Les prix des miroirs sont ici :
https://laclefdesetoiles.com/162-miroirs
Si l'on compte qu'il faut y ajouter deux oculaires, un point rouge, les matériaux pour une monture de type Dobson ou Strock...
C'est à déconseiller, sauf à trouver des miroirs en occasion à peu cher.
C'est une logique qui sera peut-être adoptée par la suite... mais au début, c'est prématuré.
RÉSUMÉ :
++++++++
Budget 300 euros : Dobson 150 x 1200
Budget 400 euros : Dobson 200 x 1200 ou lunette Celestron (si la personne préfère les lunettes).
En dessous de 300 euros :
Jumelles ou petites annonces.
5. Avantages des choix proposés
Matériels simples d’usage qui valorisent la pratique régulière : si on s’en sert souvent, tout devient plus fluide.
Pas besoin d’un manuel long et compliqué.
Pas de Goto : le budget ne le permet pas.
Pour le plus grand nombre, le Goto n’est pas une simplification mais une complication insupportable.
Matériels « banals » relativement faciles à revendre (avec perte... mais en attendant on s’en est servi).
Et...
Il faut accepter une évidence : avec les équipements listés ici, on ne refera pas les images d’Hubble, ni celles des passionnés très expérimentes qui publient de si tentantes photos capturées avec ces belles caméras si chères, hélas.
Si on s’en persuade dès le début, on sera dans de bonnes dispositions pour appendre à manipuler, à observer, à se fixer des objectifs atteignables, quitte à devenir, par la suite, plus ambitieux et envisager alors un autre équipement... avec moins de risques de se tromper.
Le plaisir d’usage est fait de passion et de raison.
6. Autres marchands
L’AAI n’est subventionnée par aucun revendeur de matériel astronomique.
En plus de « La Clef des Étoiles » déjà cité, vous pouvez consulter les catalogues de :
https://www.telescopes-et-accessoires.fr/fr/
https://www.maison-astronomie.com/
...
Pour les pièces optiques de précision : http://www.mirro-sphere.com/ ... mais on est dans d’autres tarifs.
7. Droit de réponse et avis contradictoires
Ce site est celui de l’AAI et il est légitime que les adhérents qui ont des avis différents du rédacteur puissent s’exprimer.
Ils le font sous leur responsabilité.
Vous trouverez ici la transcription d’un message composite où interviennent Joseph CHARNEAU (signalé par la lettre J) et Michel BRIALIX (signalé par la lettre M).
J :
Et oui Alain, je me suis posé la même question : « fabriquer ou acheter », pourquoi fabriquer un Dobson de 300 (ou de 250) quand il en existe des tout près à l’emploi à 1190€ (La clé des étoiles).
J’ai hésité entre la facilité et l’aventure. Le père de ce projet Strock m’a dit : « Tu veux Un télescope ou TON télescope ? » L’affaire était conclue.
Mon T300 me revient dans les 2050€ dont 1870€ de miroirs d’artisan (Mirosphère), soit 150€ de bricole (bois, résine, tubes carbone, visserie etc).
M :
Les années ont passé et aujourd’hui si c’était à refaire je prendrais l’option de construire moi même un T300 ça me semble un bon compromis. Un T400 c’est trop lourd à moins de rester jeune et bien musclé, sinon lui aussi finira au grenier.
J :
Je me permets de réagir de manière tout à fait personnelle au mail d’Alain « s’équiper pour démarrer ».
Si quelqu’un devait me poser la question : « Si je veux acquérir un premier équipement... que me conseillez-vous ? »
Ca tombe bien ! je me suis retrouvé dans cette situation il y a bien des années lors de mon arrivée à l’AAI déjà présidée par notre bon Président Daniel Lachaud. Mes premières observations, je les ai faites sur le 120X720 du Club. Un bon télescope certes mais le tour des objets observables a été vite fait. Et puis un certain Claude QUEAU, de l’Association, fervent défenseur du Célestron 8 (200mm). Il disait que c’était le télescope à avoir, bon en planétaire comme en ciel profond, adapté pour la photo etc... Ce que Daniel confirmait.
Sans être un télescope de riche, à 17 759,99 francs au milieu des années 80, neuf, c’était pas donné, c’était pas chinois. Grâce aux petites annonces de « Ciel et espace », j’en ai trouvé un d’occasion à Clermont-Ferrand. Vite, un tour en voiture avec Daniel comme conseiller, et 200 kilomètres plus tard, j’étais l’heureux propriétaire d’un C8 que je possède toujours.
M :
J’ai mon C8 depuis octobre 1999, bien sûr ce n’est pas un Chinois (c’est un vrai Celestron) la monture c’est une Vixen GP Japonaise avec lunette polaire pour la mise en station, une motorisation 2 axes, le tube du C8 a toujours été rangé dans un sac bien rembourré donc la collimation n’est pas a refaire souvent (dans ce sac pas de chocs violents). J’ai aussi un stellar-guide avec une réserve de 5000 objets à observer. Jusqu’ici, je n’ai changé qu’une seule pièce la raquette de commande. Même si je m’étais construit un T300 pour tout ce qui est nébuleuses et galaxies, j’aurai toujours gardé mon C8, il m’a appris à connaître le ciel boréal, jusqu’au tropique du Capricorne, en observant seulement en France.
J :
Tout cela pour dire que ne conseillerai pas, pour une première acquisition, je dis bien pour une première acquisition, un télescope ayant moins de 200mm d’ouverture, et ce à qui que ce soit. Trop de matériel astro sert de décoration ou s’empoussière dans les greniers. Fuyez ces télescopes d’initiation qui font le bonheur des vendeurs et la déception à très court terme des acquéreurs.
M :
Je suis entièrement d’accord.
J :
Après le tube, passons à la monture, matériel très important et indispensable pour la suite des évènements. Choisir un système Goto pensant qu’avec l’électronique tout sera simple ! Erreur. Choisir une monture équatoriale sans motorisation au moins sur un axe ! Erreur. Choisir une monture azimutale en espérant un jour faire de belles poses photos ! Erreur. Croire qu’un télescope c’est comme une paire de jumelles, il suffit de le sortir de son étui pour observer ! Erreur.
M :
Même mon stellar-guide, n’est pas un goto car il n’agit pas sur les moteurs, il faut que je tourne ma monture pour être à zéro de la position recherchée (en AD et en Dec), et là si tout va bien je dois voir l’objet dans l’oculaire, si l’objet n’est pas exactement au centre, la raison est due à une mise en station qui n’est pas parfaite.
J :
En résumé, il n’y a qu’un bon conseil à donner, c’est prendre une adhésion à une Association et au sein de cette association, comme pour les oculaires, apprendre des autres et, sans précipitation, acquérir l’appareil qui ne décevra pas. Et toujours en fonction de ses moyens, même si il n’y a pas de mal à ce faire du bien.
M :
Je suis parfaitement d’accord avec toi.